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société, environnement, économique de la RDC
30 juin 2020

Manifestations anti-lois Minaku, actes de vandalisme : FCC et CACH sur pied de guerre

La coalition FCC-CACH au pouvoir depuis le 24 janvier 2019 négocie une passe douloureuse de son existence. Comme toujours dans ce difficile apprentissage de la démocratie, les partenaires à la coalition s’invectivent constamment, ce qui met à mal ce mariage d’intérêt qui éprouve toutes les peines du monde à consolider ses liens. Peut-être, sont-ils prêtes à se rompre irrémédiablement par inconscience des troupes respectives et manque de maturité des dirigeants d’un camp comme de l’autre.

En tout état de cause, les actes de vandalisme dans les résidences privées de certains cadres du FCC à la suite des manifestations populaires qui ont suivi l’examen de trois propositions de lois dont l’une d’elles porte réforme du secteur de la justice, avec un droit de regard du ministre de la Justice sur les magistrats du parquet ont fait déborder la coupe qui était déjà pleine de récriminations.

Il faut que les deux autorités morales (FCC-CACH fassent preuve de sagesse et dextérité pour désamorcer cette charge explosive prête à faire des dégâts dans la société congolaise.

St Augustin K. (saintaugustink@gmail.com)

Les manifestations et actes de vandalisme sont loin d’entamer la détermination du Parti du peuple pour la démocratie et la reconstruction (PPRD) qui réaffirme sa détermination à soutenir cette réforme allant dans le sens de consolider l’autorité de l’Etat et de promouvoir une justice juste.

Minaku

Le PPRD, ce plus grand parti du pays ayant la majorité dans les deux chambres et dans les assemblées provinciales, réaffirme son engagement à œuvrer pour la paix, pour l’unité et le développement de la RDC, mais promet néanmoins de tirer immédiatement les conséquences constitutionnellement qui s’imposent,  c’est-à-dire aller tout droit et sans hésitation vers la cohabitation. Cette position du parti cher à Joseph Kabila a été exprimée hier mercredi 24 juin par son secrétaire permanent, Emmanuel Ramazani Shadary.

« Le Parti du peuple pour la démocratie et la reconstruction (PPRD) a suivi avec indignation les événements d’une milice d’un parti politique se réclamant du pouvoir. Cette milice a allégrement pillé, vandalisé, détruit, saccagé des biens des particuliers sans une raison valable. On veut intimider qui par ces actes-là ? Ce pays nous appartient tous. Ces trois propositions de lois ont été depuis hier (mardi 23 juin, NDLR) votées par la commission des lois du gouvernement ; laquelle est constituée de 28 membres aussi bien du Front commun pour le Congo (FCC) que de Cap pour le changement (CACH). Cette commission a voté ces propositions de lois à l’unanimité parce que les ministres ont compris leur opportunité. Mais qu’est-ce qu’on veut nous raconter dans la rue ? A cet effet, le PPRD tient à rappeler que la RDC est un Etat de droit lié à la Constitution. En tout cas, nous prenons la communauté nationale et internationale à témoin de tout ce qui arrive aujourd’hui. Le PPRD demande aux responsables de la police nationale congolaise d’assurer pleinement leur mission de garantir l’ordre public ainsi que la sécurité des personnes et de leurs biens de manière républicaine. Le PPRD réaffirme sa détermination à soutenir cette réforme allant dans le sens de consolider l’autorité de l’Etat et de promouvoir une justice juste.

En ce qui concerne la coalition au pouvoir, FCC-CACH, le plus grand parti de ce pays, le PPRD, ayant la majorité dans les deux chambres et dans les chambres provinciales, réaffirme son engagement à œuvrer pour la paix,  pour l’unité et le développement de la RDC. Si le partenaire en coalition ne veut plus de celle-ci, qu’on nous le dise. En ce qui nous concerne, nous, nous allons tirer immédiatement les conséquences constitutionnellement qui s’imposent,  c’est-à-dire aller tout droit et sans hésitation vers la cohabitation », a dit Emmanuel Ramazani Shadary, secrétaire permanent du PPRD.

Coalition, incident de parcours

Pour Me Jimmy a Mbumba, président de la commission PAJ de l’UDPS/Tshisekedi, la coalition FCC-CACH était dictée par les circonstances politiques après les élections de décembre 2018. De son avis, l’option à suivre est celle de la plus haute autorité morale Félix Tshisekedi.

Kabuya Augustin

 « Nos amis estiment qu’il faut quitter la coalition pour la cohabitation, nous sommes avec le FCC par circonstance. L’UDPS, avec son idéologie et son combat, n’eût été l’ironie du sort, l’UDPS n’allait nullement coaliser avec le FCC. Nous ne pouvons pas faire la volonté des gens dès lors que le combat de 38 ans de l’existence de l’UDPS est fondé sur les droits de l’Homme, les principes de la démocratie, le respect des textes qui régissent un Etat. Nous voulons avoir des institutions fortes et des hommes forts. Jusque-là, notre haute autorité politique de référence ne s’est pas encore prononcée sur la question. Si l’initiative vient du FCC,  nous nous réservons le droit parce que nous attendons la réaction de notre haute autorité de référence ».

Avant d’enchaîner en ces termes : « Vouloir que la coalition continue, si c’est la volonté de notre haute autorité de référence, nous allons nous incliner. Mais si cela ne dépendait que de l’UDPS, la question devait le plus rapidement possible être examinée pour qu’on en tirer toutes les conséquences ».

 Retour de la dictature inacceptable

Le Front commun pour le Congo (FCC), par la bouche de son coordonnateur, dit qu’il n’acceptera jamais le retour de la dictature. Néhémie Mwilanya a fait savoir que le FCC promet une réponse proportionnelle sur le plan judiciaire, politique et parlementaire contre les auteurs des actes de vandalisme qui sont membres d’un part au pouvoir.

Shadary

L’ancien directeur de cabinet du président honoraire a révélé aussi que ces trois propositions de lois avaient été votées par la majorité des députés, même ceux de CACH.

« Le FCC réservera des réponses proportionnelles à la gravité des faits au plus judiciaire, parlementaire et politique. Le FCC qui a consenti tous les sacrifices, à travers des concessions politiques et des privations personnelles de son leader, le camarade Joseph Kabila Kabange, ne peut jamais accepter ce retour éhonté au bâillonnement des libertés dont seraient les débats démocratiques et républicains au sein des institutions. Le FCC n’a pas inventé la roue. Nous avons l’autorité du ministre de la Justice sur le Ministère public, c’est-à-dire les magistrats de parquet. Ce ne sont pas ces propositions de lois qui ressuscitent cette autorité. C’est l’article 70 de la loi portant organisation et compétence judiciaire. Ce sont des lois qui existent et ont déjà prévu tous ces principes. Si on veut lutter efficacement contre la corruption, nous devons avoir les deux fers au feu. Le FCC a initié deux propositions de lois : une proposition sur le renforcement du régime répressif en matière de lutte contre la corruption. Mais quand on veut empêcher cet exercice-là, où est-ce que nous sommes en train d’aller ? Et quand c’est le parti au pouvoir qui utilise ces entraves, peut-on déjà comprendre quelque chose ? ».

L’UDPS prête à donner le mot d’ordre, si…

A l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), on affirme qu’aucun mot d’ordre n’a été donné. A en croire Augustin Kabuya, secrétaire général de ce parti, les manifestations sont menées par la population. Il rappelle par ailleurs que si les députés Minaku et Sakata poursuivent  leur démarche, l’UDPS n’hésitera à donner un mot d’ordre pour manifester contre ces initiatives parlementaires.

Kabund

« Nous, en tant que parti politique qui s’est battu dans ce pays pendant plus de 30 ans pour le rétablissement d’un Etat de droit, nous ne pouvons que constater cette expression populaire du peuple congolais, qui nous a même devancé par rapport à nos programmations. Aujourd’hui, nous avons vu que la population était déterminée à donner sa position par rapport à ces trois propositions de lois déposées au bureau de l’Assemblée nationale »¸ a déclaré Augustin Kabuya.

Pour lui, le communiqué invitant les militants UDPS à manifester a été bel et bien lancé, parce que l’UDPS n’entend nullement se cacher derrière les rideaux quand il s’agit de mener des actions. Mais ce qui est arrivé est une réaction à l’arrogance et à l’orgueil des membres du FCC.

« Après que nous avons prodigué des conseils aux amis, vous avez vu dans les heures qui suivaient, il y a eu des menaces, des injures où on traitaient les gens de tous les noms d’oiseaux. Au moment voulu, l’UDSP va donner un mot d’ordre. Qu’on ne nous intimide pas. Nous attendons encore si nos amis ne retirent leurs propositions de lois, nous allons donner le mot d’ordre comme nous l’avons annoncé dans notre communiqué. Ce qui s’est passé aujourd’hui n’a rien avoir avec notre communiqué. On ne peut pas chercher à responsabiliser l’UDPS, car elle n’est concernée ni de près, ni de loin. Et nous condamnons tous les actes de vandalisme, mais nous ne pouvons pas aller empêcher la population de manifester », a relaté M. Kabuya.

 Inagosi en appelle à la justice

Députée FCC, Geneviève Inagosi Kasongo qualifie d’inacceptables ces événements malheureux qui se sont produits mardi 23 et mercredi 24 juin aux abords du Palais du peuple et dans les résidences privées de certains cadres du Front commun pour la Congo (FCC). Pour cette élue de Wamba, les auteurs des actes qu’elle qualifie de barbares doivent répondre de leurs actes devant les juridictions compétentes.

inagosi geneviève

« La barbarie à laquelle nous assistons depuis ces dernières heures quarante-huit heures est inacceptable dans un Etat des droit. Je ne connais aucune démocratie qui ne tolère pas de contradiction. De s’attaquer son siège du Parlement comme certains militants se réclamant de l’UDPS en ont pris l’habitude est une violation grave de la Constitution et d’autres lois de la République. La procédure de production d’une loi passe de son examen en commission, après avoir été reçue en plénière jusqu’à sa promulgation, après une deuxième lecture par la 2ème chambre. Et pour une loi organique, son contrôle de conformité par la Cour constitutionnelle est un préalable. Depuis le début de cette législature, ce n’est pas la première proposition ou projet de loi que nous examinons à la commission PAJ. Nous avons toujours eu des débats contradictoires sur toutes les dispositions et celles qui sont jugées non conformes à la Constitution, à d’autres lois ou à notre règlement intérieur sont rejetées. Du débat en commission sur une initiative parlementaire en bonne et due forme prise deux de nos collègues à la violation de l’intégrité physique des députés, à la destruction des biens privés des cadres du FCC, je n’établis aucun lien. Je me demande où sont passées les ONGDH. Les cadres du FCC n’ont pas droit d’être défendus ? Et au nom de l’Etat de droit, je condamne vivement et fermement ce comportement et que ces auteurs répondent de leurs actes devant la justice », a regretté l’élue de Wamba sur les antennes de Top Congo FM.

La rue a parlé

M. Eric Ngalula, élu de Lupatapata, membre de l’UDPS, parti indexé par le FCC, rejette toutes ces accusations. Il appelle par ailleurs les députés nationaux Aubin Minaku et Garry Sakata à retirer leurs propositions de lois pour favoriser la paix.

wewa Palais

« Il est constitutionnel pour les députés de faire des propositions de lois. Il est autant constitutionnel de manifester quand on n’est pas d’accord avec une situation. Mais nous devons tenir compte que c’est la rue qui est en train de parler. Nous devons se mettre à son écoute. Voilà pourquoi j’invite mes collègues Minaku et Sakata à bien vouloir retirer leurs propositions de lois afin de préserver la stabilité des institutions et la paix de notre pays. Nous sortons de la première alternance depuis l’accession de notre pays à l’indépendance, et nous n’avons pas besoin d’une instabilité en ce moment-ci. Ces propositions tombent à un moment où l’Etat de droit fait son bonhomme de chemin », a conseillé le député Naglula.

 L’UDPS agit comme un parti d’opposition

De son côté, Serge Kadima, président de la Lige des jeunes du PPRD, regrette que l’UDPS agisse comme un parti d’opposition à travers ses manifestations de rue. Par ailleurs, il indique qu’aucune action de représailles n’est envisagée du côté PPRD contre les auteurs de violences enregistrées dans la capitale congolaise.

Serge Kadima 1

« Nous avons constaté que le parti au pouvoir qui se comporte comme un part d’opposition. Nil veut étouffer la trajectoire de la démocratie dans notre pays. Nous nous sommes battus pour consolider cette démocratie dans notre pays et mettre en place des institutions démocratiques conformément à la Constitution, mais aujourd’hui, les gens veulent déplacer le débat de l’hémicycle vers la rue. Nous mettons en garde toute personne qui voudrait perturber l’expression démocratique ou la liberté de nos élus de mettre en phase certaines lois avec notre Constitution », a fait observer M. Kadima à TOP Congo FM.

Est-ce à dire que la ligue des jeunes du PPRD programme une descente dans la rue ?

Non, répond Serge Kadima qui ajoute ceci : « La Ligue des jeunes du PPRD est très disciplinée et rangée derrière son président national, le camarade Joseph Kabila. Jusqu’à preuve du contraire, les instructions que nous avons reçues du président national, c’est de soutenir la coalition parce que rien n’a changé jusque-là. Par rapport aux actes de vandalisme que nous décrions causés par des manifestants, surtout que des gens qui ont appelé à ces manifestations sont connus, nous avons constaté cela de la manière la plus ferme. Mais le silence de la ligue des jeunes du PPRD signifie tout simplement la discipline vis-à-vis du président national. Cela ne veut dire que nous ne sommes pas à mesure de sécuriser nos cadres et structures. Et nous mettons en garde toute personne qui va continuer à poser de tels actes et nous interpellons le pouvoir en place de prendre des dispositions pour mettre hors d’état de nuire toute personne qui pourra s’octroyer le droit de violer des résidences de nos camarades ».

 

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