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société, environnement, économique de la RDC
26 juillet 2020

La CONEPT RDC dresse le bilan du projet «Clubs des jeunes contre la violence»

Quatre ans après avoir exécuté le projet « Clubs des jeunes contre la violence » (CJCV) à Bumbu, Kintambo et Makala (Kinshasa), la CONEPT RDC constate que ce projet a permis,   entre 2016 et 2018, à  2 827 jeunes gens à sortir ou à ne pas rejoindre des groupes violents (gangs) grâce à l’action de 142 clubs et à moins 764 jeunes filles à se libérer du poids traumatisant des violences subies dans la communauté au travers 40 clubs entre 2019-2020.

St Augustin K. ( saintaugustink@gmail.com)

 Exécuté pendant quatre ans, soit d’août 2016 à août 2020, par la Coalition nationale de l’éducation pour tous (CONEPT RDC) en milieu scolaire, avec l’appui de Promundo US, le  projet « Clubs des jeunes contre la violence à Kinshasa » (CJCV) touche à sa fin.

 

 

Ce projet visait à empêcher les jeunes garçons et filles âgés de 10 à 19 ans de rejoindre les groupes violents ou gangs dans les communes de Bumbu, Kintambo et Makala. La CONEPT RDC a travaillé avec 10 écoles dans chacune de ces communes. C’est donc un total de 30 écoles qui étaient concernées pour les trois communes.

A terme, a fait savoir Mme Chantal Kalala, chargée de Communication et Plaidoyer à la CONEPT RDC, le projet a permis d’opérer des transformations individuelles en ce sens qu’il a contribué à réduire  des comportements qui prônent la violence, augmenter la perception de l’efficacité personnelle et attitudes d’équité entre les sexes chez les adolescents ayant participé aux sessions d’éducation de groupe dans les écoles ciblées par le projet.

                En termes de statistiques, ce projet a formé, entre 2016 et 2018 durant les phases 1, 2, 3 et 4, plus de 2827 jeunes gens au sein de 142 clubs. Alors qu’entre 2019-2020, durant les phases 5 et 6, un total de 764  filles a été formé au sein de 40 clubs. Par ailleurs, on estime à 60 000 les personnes sensibilisées dans la communauté à travers les célébrations communautaires, les petites campagnes organisées dans les écoles à la fin de chaque session et à travers la distribution des outils de sensibilisation.

Au cours de la dernière année du projet, notamment au cours des phases 5 et 6, la Coalition a dû travailler avec la cible « jeune fille ». Victime du harcèlement et des violences sexuelles en famille et à l’école, la jeune fille a été guérie de son traumatisme.

 Clubs des jeunes filles

Elle a aussi compris que c’est la société qui a façonné l’homme-bourreau, notamment avec les valeurs traditionnelles. Grâce au club, la jeune fille a pu se rendre compte qu’elle a de la valeur et des moyens de se défendre non pas physiquement mais de décider avec raison sur telle ou telle autre question de la vie.

Elèves sur le chemin

L’idée de monter ce projet a germé à partir du phénomène « kuluna » qui sévit dans la société congolaise ; lequel a conduit à la violence.

En créant des clubs spécifiques à la jeune fille, la CONEPT RDC a répondu à un besoin de la société congolaise ; laquelle a constaté que le phénomène violence gagnait déjà la gent féminine.

Seulement voilà, le travail de terrain a démontré que les filles étaient, dans leur grande majorité, victimes de harcèlement et violences sexuelles en milieu familial et communautaire (scolaire).

Grâce au projet CJCV, beaucoup de filles ont témoigné des violences sexuelles qu’elles ont subies en famille et à l’école. Elles ont compris que malgré ces sévices, elles doivent sortir du traumatisme, car se recroqueviller sur elles-mêmes n’était pas la solution à leur problème.

 

Jeunes au passé douloureux

Au chapitre témoignages, les clubs des jeunes ont donné à la jeune fille victime des violences sexuelles l’occasion de se libérer d’un fardeau psychologique traumatisant.

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Starlette, élève de 4ème année des humanités pédagogiques, a eu des rapports sexuels forcés et réguliers avec son père. A la suite du traumatisme subi, l’adolescente devient lesbienne, statut qu’elle a du mal à quitter. En contrepartie, le père la gâte des présents. Pour se soustraire des griffes de son bourreau de père, Starlette a dû aménager dans la famille maternelle, avec option de rompre tout contact avec son père.

Bénédicte est, pour sa part, violée par son frère aîné alors qu’elle revenait de l’école brûlante de fièvre. Personne ne fait cas de son calvaire. La mère ne veut rien entendre de ces histoires qui riment à de « fausses accusations ». Plus méchant, le père la chasse du toit parental. Bénédicte gagne la rue et le club mène désespérément des recherches, sans possibilités la relocaliser.

De son côté, Patou, élève  de l’institut Kimvula (Kintambo), rougit en évoquant ce passé. « Depuis l’internat, mes amis m’ont initié à la consommation du chanvre et autres substances psychoactifs. A chaque prise, je sentais un bouleversement psychologique. Je devenais brusquement têtu, impoli et indiscipliné vis-à-vis de l’autorité scolaire ; ce qui m’a valu une exclusion définitive. Revenu sur Kinshasa, j’ai continué de  consommer chanvre et produits psychoactifs. Mais avec ce que j’ai appris au club, j’ai résolu de tout abandonner. Merci pour ce projet qui a permis de sortir du trou », a-t-il raconté au groupe.

 

L’après-projet

Pour consolider les résultats du projet, la CONEPT RDC plaide pour la prise en charge psychosociale des victimes de violences sexuelles, notamment pour les guérir des traumatismes subis. Il leur fait aussi une prise en charge sociale dans la mesure où, à cause des violences subies en famille et à l’école, les victimes ne se sentent pas en sécurité dans ces deux milieux. Elles sont tentées d’aller dans la rue.

élèves congolais

Enfin, une prise en charge économique s’impose, surtout pour ces jeunes gens pleins de bonne volonté et déterminés à sortir des groupes violents mais sont butés au manque de revenu. La tentation de retourner dans la rue est donc grande pour cette cible.

Au regard du résultat éloquent obtenu à l’issue du projet, il y a nécessité  d’institutionnaliser sa méthodologie. Cela passe par l’implication du ministère de l’EPST ainsi que des autorités scolaires afin d’obtenir la transformation comportementale dont ont fait preuve les jeunes au sortir des sessions d’éducation de groupe sur la masculinité positive et la perception du genre.

Entretemps,  la CONEPT RDC continue de mener des actions de plaidoyer auprès des autorités politiques pour obtenir l’institutionnalisation effective de ce projet.

On rappelle que le projet « Clubs des jeunes contre la violence à Kinshasa » s’est assigné, entre autres objectifs de contribuer à réduire l'adhésion des jeunes et adolescents âgés de 10-19 ans aux groupes violents tel que le Kuluna ; amener les jeunes à s’engager à prévenir la violence en milieu familial et communautaire.

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